La présence de la Guyane, un département français en Amérique du Sud, ainsi que de deux départements français d'Amérique (Martinique, Guadeloupe) et de deux collectivités territoriales françaises d'Amérique (Saint-Martin, Saint-Barthélemy) dans la zone Caraïbe souligne la dimension latino-américaine de la France.
Historiquement, les échanges entre la France et l'Amérique latine, tant dans le domaine politique, culturel qu'économique, ont été riches et ont façonné un héritage enraciné dans les principes des Lumières et des liens culturels et diplomatiques denses. Ces échanges, initiés sous Napoléon III et intensifiés suite aux mouvements d'indépendance des pays latino-américains au début du XIXe siècle, reflètent une riche dynamique de collaboration.
L'évolution de ces interactions a été marquée par des démarches diplomatiques influentes, notamment la tournée sud-américaine du Général de Gaulle en 1964. L'implantation de nombreuses institutions éducatives francophones, notamment les Alliances françaises, dont la concentration est la plus élevée dans cette région, a renforcé les échanges culturels et intellectuels, exerçant une influence notable sur l'élite intellectuelle et artistique de la région.
D'un point de vue économique, les engagements de grandes entreprises françaises, comme Total et Renault, dans des secteurs stratégiques, ont favorisé une intégration économique approfondie.
La présence française en Amérique Latine au travers de ses territoires d'outre-mer et de la Guyane illustre la dimension latino-américaine de la France et cette proximité géographique constitue un levier suffisant pour renforcer les alliances entre la France et les nations latino-américaines, tel que nous l'appelons de nos vœux au travers d'un partenariat global et intégré.
Si le continent a été marqué par l’Espagne et le Portugal, fruit d’un partage réalisé entre les deux nations par la papauté le 7 juin 1494 connu sous le nom de Traité de Tordesillas, aujourd’hui, la France est le seul État européen à y détenir un territoire.
Pourtant, celui-ci aurait dû être britannique. Après 1763 et le traité de Paris actant la perte des colonies françaises aux Amériques, la Guyane est demeurée française à la faveur d’une violente tempête qui avait empêché les Britanniques de s’en emparer. Elle resta donc sur la liste des colonies françaises pour intégrer pleinement la république en 1946, une récompense pour s’être rangée derrière Charles de Gaulle, dès le 18 juin 1940.
Avec plus de 83 000km, la Guyane est, désormais, le plus grand département français. Car ces terres nichées entre le Surinam et le Brésil sont pleinement intégrées à la République française une et indivisible comme tout département métropolitain, pour autant, le département ne fait pas partie de l’espace Schengen et dispose du statut de DOM : Département d'Outre-Mer.
L’Amérique du Sud possède une longue histoire francophone et francophile remontant aux origines de la colonisation. À cette époque, la France jouit d’une influence très considérable en Europe et le français tend à s’imposer comme langue internationale, les élites espagnoles et portugaises se démarqueront donc par leur francophilie.
Ces forts liens avec la France et la sensibilité francophile permettent au français de demeurer la première langue étrangère apprise dans les pays d’Amérique du Sud jusqu’au milieu du 20ème siècle, lorsque l’influence de la France s’estompe au profit des États-Unis.
La crise économique au début des années 2000, qui affecte plusieurs pays d’Amérique du Sud, n’aide en rien l’enseignement du français. Mais depuis les années 2010, le discours encourageant le plurilinguisme gagne en popularité. L’accès grandissant à l’éducation, l’amélioration du taux d’alphabétisation et l’allongement de la durée des études favorisent l’enseignement du français.
D’autres facteurs contribuent également au retour en force du français en Amérique du Sud et en Amérique centrale : le rejet d’une homogénéisation culturelle axée sur la culture des États-Unis, le développement du tourisme, l’engagement des associations locales pour la promotion de la francophonie et l’enseignement du français ainsi que la démocratisation de l’enseignement des langues.
C’est ainsi, qu’en Argentine le nombre d’apprenants de français dans le système national d’éducation passe de 80 000 en 2008 à 120 000 en 2012, et dans les Alliances françaises argentines le nombre passe de 10 000 en 2000 à plus de 14 000 en 2018.
La région latino-américaine compte le plus ancien et le plus important réseau d’Alliances françaises : 250 Alliances enseignent le français à 140 000 élèves. Ce réseau culturel est renforcé par la présence de 6 Instituts français en Amérique latine et Caraïbes, ainsi que deux Maisons de France. Les 36 établissements scolaires français, présents dans la quasi-totalité des pays de la zone, sont partout reconnus comme des établissements d’excellence. Désormais totalement ouverts aux nationaux, ce sont de véritables viviers du biculturalisme.
Rapidement, en s’appuyant sur ce réseau culturel, les diplomates ont créé des liens puissants avec ces pays. Ainsi après avoir été unies par un même combat pour la liberté au XIXe siècle, la France et l’Amérique latine ont vu leurs liens se resserrer au siècle suivant, notamment à travers un important essor des échanges intellectuels, culturels et artistiques. La France bénéficie depuis longtemps auprès des élites latino-américaines d’un indéniable attrait, qui trouve son pendant dans l’immense curiosité des intellectuels, savants, scientifiques des XVIIIème et XIXème siècles qui ont sillonné l’Amérique latine et essaimé écoles, facultés et instituts qui portent encore leur nom.
Aujourd’hui, l’État français est présent à travers 24 ambassades bilatérales et une représentation permanente auprès de l’Organisation des États Américains (OEA). Elles concourent à nourrir les relations politiques avec les États d’Amérique latine et des Caraïbes et animent un réseau consulaire qui accompagne les quelque 100 000 Français expatriés dans la région.
Ainsi, à partir de la seconde moitié du 19ème siècle et ce jusqu’à la première moitié du 20ème siècle, plus de 100 000 Français ont immigré au Brésil, 261 000 en Argentine, 25 000 en Uruguay et 25 000 au Chili. Ces immigrants francophones ont influencé durablement la culture et l’identité sud-américaine. Aujourd’hui leurs descendants se comptent par millions et continuent de porter cet héritage francophone. Soulignons qu’en 2006, plus de 6 millions d’Argentins (17 % de la population) ont déclaré leur ascendance française lors du recensement.
Depuis le début des années 2000, le continent attire de nombreux expatriés de tous les pays. 20 ans après, ils sont entre 100 et 200 000 Français à résider dans un des pays de l’Amérique latine.
Car le continent a des avantages. L’Amérique du Sud offre diverses opportunités professionnelles, notamment dans les secteurs de l’énergie, de l’agriculture, du tourisme, de l’industrie minière, des technologies de l’information et de la finance. Certains pays de la région connaissent une croissance économique solide, ce qui peut offrir aux expatriés français des perspectives de carrière intéressantes.
Les territoires français d'Amérique Latine
Carte de la Guyane, Département d'Outre-Mer
Centre spatial français de Kourou, établi en Guyane depuis 1968 sur plus de 300 hectares
Les relations diplomatiques entre les deux pays ont débuté lors de la signature du traité de reconnaissance de l’indépendance nationale signé par Francisco Solano López et Luis de Saint Georges en 1853.
Après la visite d'Etat du Général de Gaulle à Asunción en octobre 1964, qui a renforcée significativement les relations bilatérales entre la France et le Paraguay, celles-ci ont été relancées avec la venue à Paris en avril 1994 du président Wasmosy (première visite d’un chef d’État paraguayen en France, renouvelée en décembre 1995). Le président de la République Jacques Chirac s’est ensuite rendu à Asunción en mars 1997 et le président Duarte Frutos a effectué un déplacement en France en 2006.
Maréchal Francisco Solano López, Chef suprême héréditaire du Paraguay 1862-1870
Napoléon III, Empereur des Français 1852-1870
170 ans de relations bilatérales entre la France et le Paraguay
La relation franco-paraguayenne a des racines historiques profondes et est l'héritière de liens culturels, scientifiques et éducatifs forts. Les relations diplomatiques entre les deux pays ont débuté lorsque le chevalier Léonce de Saint-Georges, envoyé spécial de l’empereur Napoléon III, a signé en février 1853, le Traité de Reconnaissance de l’Indépendance nationale avec le Maréchal Francisco Solano López, Chef suprême héréditaire du Paraguay.
Depuis, la coopération entre nos deux pays n’a jamais tari dans les domaines les plus variés et qui révèlent toujours un grand potentiel de développement.
Si nous célébrons une histoire commune, à l'occasion de ces 170 ans de relations diplomatiques entre nos deux pays, nous célébrons aussi des valeurs partagées, comme la défense de la démocratie et des libertés. A l'image du soutien apporté par les Français du Paraguay à la France Libre lors de la Seconde Guerre Mondiale, qui ont été les premiers au combat pour la France Libre et le soutien au Général de Gaulle à Londres, comme l'atteste le télégramme adressé par la société française de Secours Mutuel à Asunción au Comité de la France Libre à Londres le 22 juin 1940, 4 jours après l'Appel du 18 juin.
Après les visites d’État du Général de Gaulle en 1964 et de Jacques Chirac en 1997, ces relations sont entrées depuis 2015 dans une nouvelle phase avec la mise en place des Réunions de Consultations Bilatérales, qui constituent un cadre de rencontres régulières pour l'approfondissement et le suivi des activités développées dans divers domaines d'intérêt commun aux deux parties. Ces réunions se tiennent tous les deux ans, la dernière, c'est-à-dire la quatrième édition, a eu lieu le 8 juin 2021.
Dans le cadre de ces échanges fructueux, le Paraguay et la France intègrent et suivent des actions concrètes liées à la construction d'installations hospitalières, à la formation de médecins, à l'archéologie préventive et militaire, à la restauration du patrimoine, au commerce et aux investissements, aux échanges d'étudiants et au suivi du programme multilatéral, entre autres.
Ainsi, la coopération entre les deux pays couvre des aspects des domaines politique, économique, commercial, culturel, scientifique, sanitaire, éducatif et technique, qui présentent tous un grand potentiel de développement.
Dans le cadre de la longue histoire des relations bilatérales, il est également important de souligner que les citoyens français ont laissé d'importantes contributions dans les domaines de l'éducation, de la formation militaire, de diverses activités industrielles et commerciales, de la colonisation des terres ; ainsi qu'en botanique, géographie, musique, médecine, ingénierie, aviation, ethnologie, architecture, etc.
Du 21 septembre au 16 octobre 1964, le général de Gaulle accomplit un voyage qui le conduit dans les dix États du continent sud-américain. Au cours du voyage, il prononce des discours en français et en espagnol, dans lesquels il encourage le développement des liens d'amitié et de coopération entre la France et l'Amérique du Sud, en indiquant notamment que nous devions Français et Sud-Américains, marcher "la mano en la mano".
Le 6 octobre 1964, le général de Gaulle arrive au Paraguay, 8ème étape de son voyage en Amérique du Sud, où il restera deux jours. Le général Stroessner, devenu Président du Paraguay en 1954, accueille le général de Gaulle, premier chef d'État non limitrophe à se rendre en visite officielle dans le pays depuis sa prise de pouvoir. Il s'agit d'une étape significative dans les relations entre la France et le Paraguay et l'amitié entre nos deux peuples. Le général s'adresse au peuple paraguayen, dans un discours prononcé en espagnol : « Paraguayens : Le Paraguay, comme la France, a traversé de nombreuses épreuves et, comme elle, a pu vivre grâce au patriotisme de ses enfants. Le Paraguay, comme la France, avance aujourd'hui vers son destin dans le progrès et la paix. Le Paraguay et la France sont, depuis toujours et pour toujours, deux nations amies. Vive le Paraguay ! » Le contact du président français avec la population est, selon l'ambassadeur français, « exceptionnellement exubérant, joyeux et bon enfant ».
La visite du Général De Gaulle au Paraguay, il y a 59 ans aujourd'hui, est l'un des faits les plus marquants de nos relations diplomatiques et reste dans la mémoire collective. Ce fut un jour de fête et d'amitié entre la France et le Paraguay .
Lors de son voyage en Amérique latine du 11 au 18 mars 1997, Jacques Chirac, Président de la République française, a effectué une visite d'Etat au Paraguay le 16 mars 1997. Cette visite a été l'occasion de discussions avec Juan Carlos Wasmosy, Président du Paraguay, sur les relations politiques et culturelles entre la France et le Paraguay et le développement des relations entre l'Union européenne et l'Amérique latine et le MERCOSUR. Les deux chefs d'Etat ont également conclu un accord sur la suppression des visas pour les Paraguayens qui se rendent en France et un accord d'extradition et d'entraide judiciaire en matière pénale. En outre, Jacques Chirac a fait part de 23 millions de francs de dons de la France au Paraguay. Un premier don de 13 millions qui va permettre à Asuncion de faire appel à la Compagnie Nationale du Rhône pour mettre en place un système de régulation des eaux du fleuve Paraguay, dans le cadre du projet Hydrovia (aménagement de 3.500 km de voies navigables de l'Amazone au Rio de la Plata). Le deuxième don, d'une valeur de 10 millions, est lié à un contrat de guidage aéronautique pour l'aéroport d'Asuncion.
9 ans après ce voyage, le président du Paraguay Duarte Frutos a effectué un déplacement en France en 2006, où il a été accueilli à l'Elysée par Jacques Chirac, Président de la République.
Ces deux chefs d'Etat, Jacques Chirac et le Général de Gaulle, sont les seuls présidents de la république française à avoir effectué une visite d'Etat au Paraguay en 170 ans de relations diplomatiques entre les deux pays.
Allocution de M. Jacques Chirac, Président de la République, sur les relations entre la France et la Paraguay et la coopération entre l'Europe et le MERCOSUR, à Assomption le 16 mars 1997
Mes chers compatriotes,
- Chers invités du Paraguay,
- Permettez-moi de vous dire ma joie de vous rencontrer ici et permettez-moi de saluer amicalement mon ami, Juan Carlos Wasmozy, le Président de la République du Paraguay.
- Je dis, mon ami, pour deux raisons. D'abord, parce que nous nous sommes rencontrés plusieurs fois, et ensuite, parce que dès notre premier contact, j'ai éprouvé, pour lui, un sentiment intime et d'amitié réelle en raison de ce qu'il incarnait : un pays qui a retrouvé la démocratie et qu'il enracine, un pays qui a décidé de développer de façon moderne son économie, sous son impulsion et qui réussit, et un Président, un homme avec lequel je me suis toujours trouvé en parfaite harmonie de pensée pour tout ce qui touche notre vision, à la fois de nos pays, du monde et surtout de l'homme, d'un certain humanisme.
- Monsieur le Président, mon cher Juan Carlos, merci de nous avoir fait l'honneur de venir à cette réception. Ce n'est pas l'usage habituel. C'est un geste d'ami. C'est ainsi que je le prends et que nous le prenons tous. C'est aussi le sentiment d'être chez des amis que j'ai depuis mon arrivée hier soir.
- Les personnalités, les autorités que j'ai pu rencontrer, et aussi, les contacts que j'ai pu avoir, et notamment, simplement, le regard sur les hommes, sur les femmes, sur les enfants qui étaient présents, nombreux, au Panthéon lorsque je suis allé rendre hommage au père fondateur du pays, avaient quelque chose de spontané, quelque chose qui faisait plaisir, qui faisait sourire de bonheur. Je me suis dit que, probablement, après les années noires de la dictature et la croûte qu'elle pose sur une société lorsque la croûte a explosé, alors le soleil, dans le coeur des hommes, brille d'autant plus fort. Et mon sentiment, celui avec lequel je repartirai ce soir, est que le soleil qui brille dans le coeur des habitants du Paraguay est un soleil fort qui permet d'envisager l'avenir avec optimiste.
Nous avons naturellement discuté de nos affaires. Nous avons envisagé les conséquences de l'intégration régionale qui marquent le monde d'aujourd'hui depuis l'ALENA jusqu'au MERCOSUR, en passant par l'Union européenne ou l'ASEAN, c'est un phénomène mondial. Nous avons constaté que l'intérêt, à la fois du MERCOSUR et de l'Europe, était de renforcer considérablement notre partenariat. L'Europe est déjà le premier client, le premier fournisseur, le premier investisseur, le premier donneur d'aides au développement, et de loin, à l'Amérique latine. Et puis, surtout, nous avons des racines identiques, des racines latines et cela forme un socle solide sur lequel nous pouvons construire l'avenir. Nous avons évoqué nos relations bilatérales, insuffisantes, mais qui ne demandent qu'à se développer.
- Je voudrais saluer tout particulièrement celles et ceux qui, Français, ont fait le choix du Paraguay et participent à son développement. Je voudrais saluer les hommes d'affaires français, chefs de petites, moyennes ou de grandes entreprises qui ont bien voulu m'accompagner pour leur dire, à leur tour, qu'ils seraient bien inspirés de faire et de faire faire par les entrepreneurs français le choix d'un Paraguay, d'un Paraguay moderne, dynamique, démocrate et qui aura toute sa place dans le MERCOSUR et le monde de demain.
C'est la même conclusion dans le rapport avec les parlementaires, que les parlementaires français qui ont bien voulu m'accompagner aussi, c'est la même conclusion qu'ils ont tirée de leurs contacts. Je voulais dire, simplement ici, combien j'étais confiant dans l'avenir de nos relations et je suis content que cette impulsion nouvelle, - est-ce que je peux dire ces retrouvailles -, ait lieu au moment où le Président Wasmozy imprime sa marque sur ce pays.
- Vous savez, cher Juan Carlos, les Français sont depuis longtemps dans votre pays, et pourtant, ils n'ont jamais oublié leur pays. Un de mes compatriotes, M. Barral m'a remis récemment, à l'occasion de mon passage, un fac-similé d'un télégramme adressé le 22 juin 1940 de la part de la société de Secours Mutuel, la société française de Secours Mutuel, au comité de la France Libre à Londres, pour apporter l'appui des Français du Paraguay. Ils ont été les premiers au combat pour la France Libre et au Général de Gaulle.
- C'est un témoignage mais c'est aussi un symbole d'une certaine façon. C'est tout de même un symbole fort qui marque entre le Paraguay et la France même si nous avons été longtemps éloignés du fait des circonstances, il y avait quelque chose de spontané et de naturel dans le domaine du lien affectif.
- Quand le Général de Gaulle a fait, ici, son voyage de 1964, un voyage historique, je ne me souviens plus à quel endroit il a dit - lui qui ne parlait pas un mot d'espagnol - il a voulu faire une phrase en espagnol, il a dit que nous devions Français et Sud-Américains, marcher "la mano en la mano". Eh bien c'était, comme tout ce qu'a toujours fait le Général de Gaulle, quelque chose de visionnaire car nous arrivons aujourd'hui à l'époque où il est évident que l'Europe et l'Amérique latine doivent marcher la main dans la main.
- Quand je vois aujourd'hui nos collègues, chefs d'Etat, je pense beaucoup au Général de Gaulle, car on voit depuis 1989, ici, se lever une génération d'hommes politiques modernes, démocrates, tolérants, ouverts sur l'extérieur qui rejettent toutes les philosophies, toutes les réactions d'intolérance, qui conduisent toujours au pire les pays qui s'y donnent. Un peu partout, il reste ces ferments, les ferments de l'intolérance, en France comme ailleurs, qui donnent de l'homme une si mauvaise image et qui font courir au pays tant de dangers.
- Je suis heureux de voir qu'ici, dans cette Amérique latine, porteuse du charme, de la musique, de la culture, c'est quelque chose qui semble s'effacer définitivement. Cher Juan Carlos, vous êtes le symbole de cette modernité, de cette compétence, de cette ouverture d'esprit, de cette modernité et c'est pour cela que j'ai toute confiance dans l'avenir du Paraguay et dans celui de nos relations.
- Je vous remercie.
Je vais, avant de donner la parole au Président du Paraguay, faire quelque chose qui, pour moi, est très émouvant. Je vais remettre les insignes de Chevalier de la Légion d'Honneur à M. Roa Bastos.
- Je ne ferai pas l'injure à M. Roa Bastos et à ceux qui nous écoutent, de rappeler ses titres et ses mérites. Je dirai simplement que c'est un homme qui a mis son coeur, son intelligence, une grande sensibilité au service d'une certaine idée de l'homme, du Paraguay, de la France et qui a apporté beaucoup à notre culture nationale. J'ai, comme tout le monde en France, une infinie estime, un très grand respect pour ses qualités.
- Je me suis trouvé confronté à un problème, c'est que M. Roa Bastos est double national, ce qui veut dire qu'il est Français aussi, et étant Français, je ne peux pas lui remettre la Légion d'Honneur au grade qu'il mériterait, je suis obligé de lui donner la Croix de Chevalier, alors qu'il mériterait, sans aucun doute, la Plaque de Grand Croix de la Légion d'Honneur. Mais la loi ne me permet pas, je ne peux tout de même pas regretter qu'il soit Français, je sais qu'il est au-dessus de tout cela, et qu'au fond pour lui, c'est simplement un geste de reconnaissance, d'admiration et d'amitié, remise dans son pays, par son pays d'adoption.
- Alors, Cher Maître, je vais vous remettre maintenant cette Croix de Chevalier. Juridiquement, je vous remets la Croix de Chevalier mais, par le cœur, je vous remets la Plaque de Grand Croix de la Légion d'Honneur.