Merci pour votre présence nombreuse à la conférence-débat de l'Institut France Amerique Latine du 22 mai dernier à Grimaud dans le Golfe de SaintTropez dans le cadre de la 12ème édition des Semaines de l’Amérique latine et des Caraïbes coordonnées par le ministère des Affaires étrangères.
Deux heures d'échanges passionnants et de débats constructifs sur le thème des "Liens historiques entre la France et l’Amérique Latine", avec un retour sur plus de 200 ans d’histoire commune, méconnue du grand public, depuis l’avènement des premières nations Latino-américaines indépendantes.
Merci à toutes et à tous pour ces beaux moments partagés.
Ensemble, continuons à faire vivre l'amitié entre la France et les nations Latino-américaines !
Co-organisée par les gouvernements de la France et du Costa Rica, la troisième Conférence des Nations Unies sur l’Océan (UNOC 3) se tiendra à Nice en France, du 9 au 13 juin 2025
Le thème principal de UNOC 3 est « Accélérer l’action et mobiliser tous les acteurs pour conserver et utiliser durablement l’océan ». La conférence vise à soutenir une action urgente et plus poussée pour conserver et utiliser durablement l’océan, les mers et les ressources marines pour le développement durable et à identifier d’autres moyens de soutenir la mise en œuvre de l’Objectif de Développement Durable n° 14. Elle s’appuiera sur les instruments existants pour former des partenariats fructueux en vue d’une conclusion rapide et d’une mise en œuvre efficace des processus en cours qui contribuent à la conservation et à l’utilisation durable des océans.
La Conférence impliquera toutes les parties prenantes concernées, réunissant les gouvernements, le système des Nations Unies, les organisations intergouvernementales, les institutions financières internationales, les autres organismes internationaux intéressés, les organisations non gouvernementales, les organisations de la société civile, les institutions universitaires, la communauté scientifique, le secteur privé, les organisations philanthropiques, les peuples autochtones et les communautés locales, ainsi que d’autres acteurs, afin d’évaluer les défis et les opportunités liés à la mise en œuvre de l’objectif 14, ainsi que les mesures prises à cet effet.
En sus de la session plénière réunissant les 193 Etats membres des Nations Unies, se tiendront des séquences de dialogues regroupant les Etats membres, les organisations internationales ainsi que des représentants de la société civile (ONGs, scientifiques, entreprises). Ces dialogues, les « Ocean Action Panels » mettront en valeur l’engagement des différents acteurs, la création de coalitions et de projets en faveur de l’Océan. Ils permettront d’ancrer la Conférence dans l’action en proposant des solutions concrètes avec l’ensemble de ses participants. Le programme détaillé de UNOC 3 est disponible ici.
La Conférence sera précédée de trois événements spéciaux : le One Ocean Science Congress (4-6 juin 2025, à Nice), le Blue Economy and Finance Forum (7-8 juin 2025, à Monaco), et la Conférence dédiée à la Coalition Ocean Rise & Coastal Resilience (7 juin 2025, Nice).
Vidéo, sous titrée en français, de l'intégralité du discours prononcé par le Vice-Président des Etats-Unis le 14 février 2025 à Munich
Donald Trump lors de son investiture en tant que 47ème Président des Etats-Unis d'Amérique, le 20 janvier 2025, à Washington
par Martin Gurri, analyste et spécialiste de l’exploitation des "informations publiquement accessibles" ("open media"). Il a travaillé plusieurs années pour la CIA. Il écrit désormais sur le blog The Fifth Wave. Il est l'auteur de The Revolt of The Public and the Crisis of Authority in the New Millennium (Stripe Press, 2014).
Pour l’ancien analyste de la CIA qui avait prédit les gilets jaunes en France, la transformation portée par le nouveau président pourrait avoir un effet révolutionnaire en termes de reconquête de la confiance du public. Mais si elle échoue, les effets pourraient être révolutionnaires d’une toute autre manière…
Publié dans Atlantico le 21 janvier 2025
Atlantico : Donald Trump est officiellement devenu le 47e président des Etats-Unis, ce lundi 20 janvier. Qu’avez-vous pensé des récents discours de Donald Trump, celui de son investiture et ceux devant ses partisans, lors des journées de dimanche et lundi ?
Martin Gurri : Je n’ai pas vu le discours prononcé devant ses partisans dimanche. Regarder les discours de Trump, c’est comme boire de l’alcool fort – il faut le faire avec modération.
Son discours d’investiture était typique de Trump, sauf qu’il était beaucoup plus court que d’habitude. Il se voit dans un moule héroïque, comme le protecteur des Américains ordinaires contre une classe d’élite dépravée mais puissante. Comme tous les héros homériques, il n’hésite pas à se vanter de sa force. Comme tous les populistes, il se délecte à provoquer le choc et l’horreur – la partie la plus amusante de son discours a probablement été lorsqu’il a déclaré que le Golfe du Mexique s’appellerait désormais le Golfe d’Amérique. Il s’est montré dur envers son prédécesseur et l’administration sortante, mais Joe Biden – ou quiconque dirige les opérations en son nom – venait de gracier sa famille et ses complices politiques de toute poursuite pour des crimes, dans certains cas depuis toute une décennie. Il s’agit d’une violation sans précédent du système de grâce et nous pouvons être certains que la plupart des Américains ont estimé que la condamnation de Trump à l’encontre de cette foule était bien méritée.
Le problème avec Trump est que ses paroles sont souvent une distraction. C’est un joueur. Contrairement à son premier mandat, il a maintenant un programme ambitieux. Observez ses actions comme si vous ne l’aviez jamais entendu parler et vous arriverez à une analyse solide de sa présidence.
Vu d’Europe, Donald Trump paraît vouloir remettre en cause l’ordre international voire la souveraineté de certains Etats alliés. Certains essaient de se rassurer en parlant de diplomatie transactionnelle et de posture de négociation, faut-il le prendre au premier degré ? Que vous inspire les inquiétudes que Donald Trump suscite en Europe ?
Il n’y a pas d’ordre international. S’il y en avait un, nous n’aurions pas 20 conflits sanglants en Afrique subsaharienne. Le Sahel ne glisserait pas aux mains des islamistes avec l’aide de la Russie. L’Afghanistan, la Syrie et la Libye ne seraient pas gouvernés par le chaos. Cuba et la Corée du Nord n’auraient jamais basculé dans l’âge des ténèbres à cause d’un manque d’électricité. L’Iran et Israël n’auraient pas échangé deux volées de missiles. Et la Russie, bien sûr, n’aurait pas envahi l’Ukraine en toute impunité.
Jérémie nous dit : « Les faux prophètes disent la paix, la paix, mais il n’y a pas de paix. » Il me semble, de ce côté-ci de l’Atlantique, que les Européens réclament toujours de l’ordre, de l’ordre – mais il n’y a pas d’ordre.
Trump a l’intention de remanier les cartes géopolitiques. Les détails sont incertains, mais l’objectif principal est clair. Il veut voir les États-Unis respectés, mais pas obligés de s’engager et d’arbitrer tous les conflits du monde. Si rien de majeur ne change dans les relations des États-Unis avec les autres nations au cours des quatre prochaines années, il aura échoué. J’aimerais pouvoir rassurer mes lecteurs français en leur disant qu’il ne pense pas ce qu’il dit – mais je ne peux pas vous le promettre. Si Donald Trump réussit, il y aura un réajustement majeur des relations de pouvoir dans le monde.
Mais je reviens à ce que j’ai dit auparavant : observez les actions de Trump. Ses paroles ne sont qu’une vague indication de ses objectifs, et elles se contredisent. Il a déclaré catégoriquement qu’il était contre les aventures militaires, mais il a proféré des menaces contre le Panama et le Groenland. Je pense que Trump n’a en fait aucun intérêt pour la guerre. Il n’a pas l’intention d’envahir le canal de Panama ou d’annexer le Groenland par la force. Mais c’est une créature imprévisible. Ses actions et ses paroles sèmeront la panique parmi les nations amies comme hostiles. C’est une politique étrangère par les médias sociaux, à l’opposé stylistique des ennuyeux processus bureaucratiques chers aux élites européennes.
Mais rappelez-vous : pendant son premier mandat, les États-Unis ont éliminé l’État islamique mais n’ont plus tenté d’utiliser la force. La Russie, qui avait envahi l’Ukraine lorsque Obama était président et qui l’a fait à nouveau sous Biden, est restée étrangement silencieuse. Les accords d’Abraham entre Israël et les pays du Golfe ont été signés au Moyen-Orient. Trump a un bilan en matière de politique étrangère, et il n’est pas particulièrement terrifiant.
Quelles sont vos prédictions sur l’impact général et global de son mandat pour les États-Unis ?
Chaque événement recèle une part d’imprévu et de trajectoire au destin imprévisible. Pour cette raison, toute projection tournée vers l’avenir tend à être un exercice de réalisation de souhaits. Dans le cas de Donald Trump et de son équipe de rebelles, nous pouvons clairement avoir une idée du projet qui sera défendu et des réformes qui seront menées, mais nous n’avons aucune idée de la fin du film.
Permettez-moi de proposer cinq domaines dans lesquels l’administration Trump espère opérer des changements radicaux affectant spécifiquement les États-Unis.
Tout d’abord, l’économie. Bien qu’il soit mercantiliste en matière de commerce extérieur, pour l’économie intérieure américaine, Trump est le président le plus favorable au laissez faire – bien plus que Ronald Reagan. Il faut s’attendre à ce que Donald Trump réduise massivement les réglementations et à un minimum d’interférences bureaucratiques (encore une fois, à l’exception du commerce). L’économie américaine pourra atteindre ses niveaux naturels de croissance. L’espoir des trumpistes est de reproduire ce qui s’est passé lors de leur premier mandat : une productivité élevée, des marchés boursiers en plein essor, une inflation et un chômage faibles. Mais, contrairement à son premier mandat, Trump hérite d’une dette importante et d’une tendance inflationniste. Une récession serait particulièrement désastreuse, car Donald Trump, en tant qu’homme d’affaires, se targue de sa maîtrise pratique de l’économie.
Deuxièmement, la technologie. L’administration Biden s’est curieusement montrée hostile au développement des technologies, en particulier de l’intelligence artificielle et de la cryptomonnaie. Trump fait un gros pari sur le potentiel d’innovation des nouvelles technologies en général et sur les génies de la Silicon Valley en particulier. S’il remporte ce pari, l’industrie et le commerce américains seront transformés à tous égards – et à un degré imprévisible – par la numérisation et l’intelligence artificielle.
Troisièmement, l’énergie. Trump et son équipe croient en la maximisation de toutes les sources d’énergie. L’exploitation accrue du gaz naturel fera des États-Unis un exportateur majeur vers l’Europe. Les nouvelles technologies seront appliquées à la création de réacteurs nucléaires du XXIe siècle – je m’attends à un boom de la recherche et de la production d’énergie nucléaire dans ce pays.
Quatrièmement, le gouvernement et la bureaucratie. Le groupe consultatif dirigé par Elon Musk et Vivek Ramaswamy va entreprendre une tentative sans précédent de reconfigurer le gouvernement fédéral et de l’adapter à l’ère numérique. Leur travail se concentrera sur trois domaines : la réduction des coûts, la réduction du personnel et l’élimination des réglementations. Si elle réussit, la transformation pourrait avoir un effet révolutionnaire en termes de reconquête de la confiance du public. Mais si elle échoue, les effets pourraient être révolutionnaires d’une toute autre manière.
Cinquièmement, la liberté d’expression. Les lecteurs s’en souviennent surement mais il s’agit de l’un de mes sujets favoris. Les partisans de Joe Biden ont érigé un vaste appareil de censure d’État sur la parole numérique, ostensiblement pour protéger « notre démocratie ». Mais aux États-Unis, les Américains vivent avec le Premier Amendement de la Constitution : la démocratie américaine interdit en fait toute forme de censure préventive. L’administration Trump a promis un retour à la société ouverte – et je n’ai aucune raison d’en douter. Les Américains se sentiront à nouveau libres de dire en ligne ce qu’ils veulent. Ce ne sera pas toujours rose, mais ce sera rafraîchissant.
Votre thèse centrale est que les institutions politiques du XXe siècle n’ont pas su s’adapter à l’effet politique et sociologique de l’émergence des réseaux sociaux. De ce point de vue, la situation va-t-elle changer avec Donald Trump ?
Donald Trump représente la révolte d’une frange de la population qui a perdu confiance dans toutes les institutions de la vie moderne, y compris le gouvernement démocratique. Il a été propulsé vers la victoire par la domination des médias numériques, comme les podcasts et le réseau social X d’Elon Musk, contrairement aux médias traditionnels qui lui étaient totalement hostiles mais qui étaient de plus en plus insignifiants auprès de l’opinion. Donald Trump est désormais le populiste au pouvoir. Il commande les institutions qu’il méprise.
Et après ?
C’est la contradiction sur laquelle les populistes élus ont hésité. Il n’y a pas eu de programme, pas d’idéologie cohérente – juste de la colère contre les élites qui dirigent les institutions. Mais les élites sont restées en place. Elles ont contribué à la défaite du gouvernement Bolsonaro au Brésil, par exemple. Elles ont fait la même chose avec Trump après son premier mandat. Les élites contrôlent la bureaucratie, le système judiciaire, les médias. Elles peuvent inventer des crises, comme la « désinformation ». Elles peuvent même annuler des élections, comme on le voit aujourd’hui dans le cas de la Roumanie.
Je pense que cette fois-ci, ce sera différent. Le populisme a un programme de gouvernement. Il a été conçu par Javier Milei, le président anarcho-libertaire de l’Argentine, qui a utilisé la « motosierra », ou tronçonneuse, pour amputer la moitié des ministères de ce monstre tentaculaire qu’est le gouvernement argentin. En plus de forcer le gouvernement à vivre selon ses moyens, Javier Milei avait deux objectifs pour cet assaut contre les institutions : rapprocher le gouvernement moderne du public et détruire le pouvoir d’une bureaucratie bien ancrée. Jusqu’à présent, ses actions, reproduites de manière théâtrale sur YouTube, ont déstabilisé les élites et restent populaires auprès des électeurs argentins.
Milei est le modèle du groupe Musk-Ramaswamy. Donald Trump revient à la présidence avec un projet gouvernemental clair : réduire, relocaliser et rationaliser le gouvernement fédéral. Le chaos de l’ère numérique s’est propagé des rues au cœur des institutions. Que Trump réussisse ou échoue, les conséquences de son programme, comme je l’ai dit, pourraient être révolutionnaires.
Quel impact anticipez-vous en ce qui concerne la vie politique américaine ?
La politique américaine traverse un moment de profond changement. Des groupes qui votent de la même manière depuis des générations abandonnent leurs foyers politiques – les minorités ethniques quittent le Parti démocrate, par exemple, et les blancs éduqués des banlieues désertent les républicains. Il est difficile de dire à quoi ressemblera la politique américaine à la fin de cette ère de migrations.
Pour l’instant, les républicains sont au sommet. Ils détiennent la Maison Blanche, le Congrès et la Cour suprême. Trump, qui n’a fait que jouer en solo lors de sa première présidence, est désormais entouré de partisans brillants et très accomplis – pas seulement Musk et Ramaswamy, mais aussi J.D. Vance, Tulsi Gabbard et bien d’autres. Ces personnes peuvent traduire un programme abstrait en action réussie. Avec Vance et le gouverneur de Floride Ron DeSantis, les républicains ont une ligne de succession solide après le départ de Trump. Dans le meilleur des mondes possibles, ils pourraient dominer la politique américaine pendant une décennie ou plus.
À l’inverse, le Parti démocrate, foyer politique de nos élites, est en total désarroi. Cela va au-delà de la disgrâce de Joe Biden et de la défaite de Kamala Harris au niveau fédéral. En Californie, un État entièrement contrôlé par les démocrates, des incendies de forêt meurtriers ont révélé des niveaux étonnants d’incompétence au niveau de la gestion des États et des villes. Il n’y a pas de successeur évident à Biden : personne ne sait qui est le chef du parti aujourd’hui. Peu d’électeurs se soucient des principes fondamentaux de l’idéologie des élites – identité ethnique et sexuelle, immigration ouverte, changement climatique, censure sur le discours numérique, etc. Le meilleur espoir des démocrates dans un avenir proche est qu’une crise majeure – un krach économique ou une guerre – soit mal gérée par l’administration Trump.
Quelles sont vos prédictions sur son mandat et son impact pour le reste du monde ?
Trump veut remettre à zéro toutes les pièces de l’échiquier géopolitique. Son approche du monde consiste à établir des lignes claires à ne pas franchir sans représailles américaines, mais à éviter de s’empêtrer dans les problèmes d’autres nations. Pour y parvenir, il doit mettre un terme aux guerres qui font actuellement rage au Moyen-Orient et en Ukraine. Il tentera de maintenir un cessez-le-feu entre Israël et les Palestiniens suffisamment longtemps pour instaurer une paix générale qui inclurait les Saoudiens et d’autres États arabes, qui considèrent tous l’Iran comme une menace plus grande qu’Israël. Il cherchera également à organiser un armistice entre la Russie et l’Ukraine et à transférer le coût de cette guerre à l’Europe.
Trump a toujours eu pour objectif principal la Chine, seule rivale militaire et économique des États-Unis. Le degré de confrontation qu’il entend apporter à cette relation n’est pas encore clair, mais les Européens doivent comprendre que son attention sera portée ailleurs.
Les réflexions récentes du président élu sur le Groenland et le canal de Panama sont typiques de ce à quoi nous pouvons nous attendre pendant son mandat. Il est tout simplement impossible de prédire ce que Trump va dire ensuite, et il est impossible de savoir si ses paroles sont sérieuses. Pour un analyste comme moi, Donald Trump est un mystère indéchiffrable – et un cadeau qui ne cesse de faire plaisir et d’émerveiller. Le reste du monde peut avoir une opinion différente.
Qu’imaginez-vous concernant l’OTAN ?
Le principal obstacle à la vision du monde de Donald Trump est l’histoire : les États-Unis sont déjà empêtrés dans des alliances qui ont tendance à avoir des implications dans chaque conflit réel ou potentiel. Aucune de ces alliances n’est plus importante, ni plus ancrée dans le passé, que l’OTAN. La façon dont Trump gère l’alliance atlantique déterminera si son plan a une chance de réussir.
Le problème de l’OTAN, du point de vue de Trump, est que les Européens réclament constamment la protection et les ressources américaines, mais ne sont pas disposés à contribuer eux-mêmes. Dans le langage de Trump, les Européens sont les « gagnants » et les États-Unis sont les « perdants ». Il va certainement essayer de rétablir l’équilibre. Les alliés européens seront invités à contribuer davantage en termes de matériel militaire, de formation et d’aide à l’Ukraine. Si la guerre en Ukraine peut être réglée relativement rapidement, l’alliance continuera de fonctionner comme elle le fait depuis des années. Si la guerre continue, le degré de partage ou non de son coût incitera Donald Trump à agir d’urgence.
Je ne crois pas qu’il fera sortir les États-Unis de l’OTAN. En même temps, je suis presque certain qu’il n’a aucun intérêt à renforcer ou à restructurer l’alliance – son attention, comme je l’ai dit, est tournée vers la Chine. Entre ces deux pôles se trouve un vaste éventail de possibilités pour l’alliance. Ce qui se passera en fin de compte dépendra autant des Européens que de la nouvelle administration américaine.
Quel impact cette nouvelle présidence Trump pourrait-elle avoir sur la relation entre la France et les Etats-Unis ?
Il faut comprendre que pour les gens qui entourent Trump, comme Musk et Vance, la France et l’Union européenne sont le modèle de tout ce qu’ils voudraient que les États-Unis évitent. Le continent qui fut autrefois le leader mondial de la technologie et du commerce est perçu comme un suicide assisté par le biais d’une immigration sans entraves et d’une réglementation excessive. Ces gens vivent entièrement dans un avenir numérique, où la présence française et européenne est nulle. Il ne faut donc pas s’attendre à beaucoup de sympathie de leur part. Si, par exemple, l’UE inflige une nouvelle fois des milliards d’amendes à une plateforme de médias sociaux américaine comme Facebook pour avoir violé une obscure réglementation, elle infligera des droits de douane en guise de représailles.
Cela dit, presque tous les problèmes actuels de la France sont auto-infligés, les États-Unis n’étant pour la plupart qu’un observateur à distance. L’instabilité politique du pays ne sera probablement pas résolue tant qu’Emmanuel Macron ne quittera pas la scène. C’est regrettable pour de nombreuses raisons, notamment parce que cela encouragera les personnalités politiques françaises à faire appel à la sensibilité de leur électorat en adoptant des postures anti-américaines. Je pense que nous assisterons à de nombreuses joutes rhétoriques, mais à peu d’échanges de fond entre les deux gouvernements. Sur le plan économique, il existe des domaines de partenariat potentiel, dans le développement de l’énergie nucléaire par exemple. Reste à savoir si l’une ou l’autre des parties sera suffisamment organisée ou intéressée pour s’engager.
La réalité est que la France, comme le reste de l’Europe, est prise au piège du même conflit entre une population en colère et les vieilles élites institutionnelles qui ont porté Trump au pouvoir dans mon pays. Les guerriers numériques de la nouvelle administration sont parfaitement conscients des voix européennes dans ce conflit. Thierry Breton, par exemple, est régulièrement moqué par eux sur les réseaux sociaux. Marine Le Pen bénéficie d’une certaine sympathie. L’annulation brutale de l’élection présidentielle en Roumanie et l’indifférence de l’UE face à cette action sans précédent sont considérées comme un exemple de la destruction de la démocratie par une caste dirigeante arrogante. En d’autres termes, le mode de résolution de ce conflit aura une influence considérable sur les relations entre la France et les États-Unis.
Le président argentin Javier Milei salue la foule alors qu’il assiste au gala de l’America First Policy Institute (AFPI), à Mar-a-Lago, en Floride, le 14 novembre 2024. Carlos Barria / REUTERS
RÉCIT - Beaucoup de chemin reste à accomplir pour sortir totalement le pays de la crise économique abyssale dans laquelle il était plongé. Mais la potion ultralibérale administrée depuis un an par le fantasque président produit déjà des effets.
Comme une victoire en Coupe du monde. Le soir de l’élection de Donald Trump aux États-Unis, une vidéo circule sur les réseaux sociaux en Argentine. On y voit des feux d’artifice tirés depuis la Casa Rosada, le siège du pouvoir exécutif à Buenos Aires. La rumeur enfle parmi les internautes, obligeant les médias argentins à démentir au plus vite : non, le président Javier Milei n’a pas organisé une fête en hommage à l’élection du républicain américain. La vidéo date de 2019, le soir de l’accession au pouvoir du péroniste Alberto Fernandez…
Il n’empêche que cette fake news, par son retentissement, met en lumière plusieurs ingrédients de l’actualité politique argentine. À commencer par l’euphorie qui a gagné l’entourage de Milei, le « Trump sud-américain », lors de ce succès électoral. Le président argentin, un outsider qui s’est rapidement construit une réputation à l’international, se range à cette occasion dans la catégorie des « winners » par procuration.
Galvanisé par les premiers résultats positifs enregistrés au niveau macroéconomique (baisse de l’inflation, excédent fiscal, renforcement de la monnaie nationale), Javier Milei, 54 ans, fête son premier anniversaire au pouvoir dans une conjoncture « très favorable », analyse le politologue Pablo Touzon. En dépit d’une récession qui peine à se dissiper, « l’inflation a été contenue, les mouvements sociaux restent muets et Trump, que Milei soutient depuis le début, vient d’être élu président », détaille ce spécialiste de la politique argentine.
La participation de l’entrepreneur Elon Musk, un proche de Milei, à l’équipe de Trump facilitera d’autant plus les liens entre Washington et Buenos Aires. Fière figure de proue de la nouvelle droite internationale, Milei se positionne comme un interlocuteur prioritaire dans une Amérique latine presque tout entière gouvernée par la gauche. D’autant que les États-Unis incarnent la vision du progrès aux yeux de cet économiste biberonné aux théories des libertariens. Durant le premier débat de la campagne présidentielle, en octobre 2023, alors candidat, il avait déclaré : « Si vous me donnez vingt ans, nous serons l’Italie. Si vous m’en donnez trente-cinq, nous deviendrons les États-Unis. »
En croisade contre la gabegie
Un an après son accession au pouvoir, l’Argentine reste l’Argentine. Un pays divisé entre ceux qui l’ont porté au pouvoir, dont le soutien semble indéfectible, et de fervents opposants, eux aussi confortés dans leurs certitudes. Les courbes de popularité montrent que l’économiste ultralibéral était parti de plus bas que ses prédécesseurs en début de mandat, mais que sa cote a augmenté depuis, tutoyant aujourd’hui les 50 % de soutien. L’indice de confiance dans le gouvernement, mesuré par l’université Torcuato Di Tella, affiche une hausse significative en octobre et situe l’actuel gouvernement à un niveau supérieur aux moyennes observées ces dernières années. « Depuis son arrivée au pouvoir, Milei s’est renforcé, confirme le consultant Roberto Starke, cofondateur de l’agence Infomedia. Il doit toutefois prendre garde à ne pas tomber dans le piège de ceux qui ont le vent en poupe, à savoir l’isolement. Or, son entourage semble plus enclin à saluer sa réussite qu’à lui signaler ses erreurs. En outre, son caractère autoritaire s’est encore accentué au fil des mois de pouvoir. »
De fait, seul capitaine du navire, le président continue sa croisade contre la gabegie à tous les étages. L’université publique et gratuite a été l’un de ses chevaux de bataille. L’institution, qui fait pourtant consensus au sein de la société argentine, ne servirait, selon lui, « à personne d’autre qu’aux enfants des riches et de la classe moyenne supérieure ».
En un an, Milei a gouverné en minorité, jonglant entre une fermeté totale dans les discours et des accords bien menés en coulisses, notamment avec le parti Proposition républicaine (Pro), de l’ex-président de centre droit Mauricio Macri (2015-2019). Vu le poids très relatif au Congrès de son propre parti, La Libertad avanza (seulement 15 % des députés et 9 % des sénateurs), chaque pas a donné lieu à une épreuve de force. Après avoir essentiellement gouverné par décret, Milei compte sur les élections législatives d’octobre 2025, dont les primaires auront lieu le 3 août, pour faciliter l’action du gouvernement sur le terrain législatif.
À quelques mois de ce scrutin déterminant, l’Argentin bombe le torse, sous son costume noir qui a remplacé son blouson en cuir usé de vieux rocker. À l’épreuve du pouvoir, le personnage tonitruant de la campagne électorale a mis (un peu) d’eau dans son vin. La tronçonneuse, récemment exhibée pour annoncer de prochaines restrictions budgétaires, n’a pas complètement disparu de son arsenal de communication. Mais « une certaine dose de pragmatisme a été insufflée », observe Roberto Starke, soulignant le rôle des proches du président dans les négociations avec la « caste » politique qu’il avait promis de faire imploser. C’est en effet son entourage qui se charge de tisser des liens en dehors du parti gouvernemental : sa sœur, Karina Milei, secrétaire générale de la présidence, son ministre de l’Économie, Luis Caputo, et le chef du cabinet ministériel, Guillermo Francos.
193 % d’inflation sur un an !
Élu sur le terreau d’une crise économique abyssale, le gouvernement a fait de la restauration du pouvoir d’achat sa politique sociale numéro un. La route est encore longue. Pas sûr que l’effet de ruissellement suffise à endiguer l’augmentation de la pauvreté, qui touche désormais plus de 50 % de la population. La fin annoncée de la récession serait corroborée par certaines statistiques, telles que la réduction du nombre de salariés pauvres. Selon les calculs du think-tank économique ExQuanti, leur proportion, qui avait augmenté de manière continue depuis fin 2023, vient de baisser de 29,2 % à 26,5 %. Un taux encore trop élevé pour que le gouvernement puisse crier victoire.
En Argentine, plus que jamais, c’est l’économie qui domine les enjeux. Arrivé au pouvoir le 10 décembre 2023, Milei avait pour mandat de contenir l’inflation galopante et d’instaurer un nouvel ordre économique. L’augmentation des prix a été ralentie, puisqu’elle atteint 2,7 % (mensuel) en octobre, mais reste astronomique sur l’ensemble de l’année (193 %). Milei sera jugé à l’aune de ces indicateurs. « Il faut convaincre la société, en particulier les jeunes, de s’engager à changer le pays en faisant confiance à ce projet politique, dit, enthousiaste, Frances Berthet, courtière immobilière chez Cobrokers Real Estate, à Buenos Aires. La première étape, celle de l’ajustement budgétaire, a été la plus dure. Cette année, il devrait y avoir un rééquilibrage des prix et un rebond de la production. Dans le secteur immobilier, sous l’impulsion du retour des crédits, l’activité a déjà repris ! »
Pour Berthet, qui considère le péronisme comme le mal numéro un du pays, Milei peut réussir là où les autres ont échoué - le libéral de centre droit Mauricio Macri (2015-2019) et, avant lui, le péroniste libéral Carlos Menem (1989-1999). Les références aux années 1990, celles de l’ouverture économique, des privatisations massives et du « uno a uno » (la parité entre le dollar et le peso argentin) inspirent les commentateurs. « À cette époque, l’Argentine, c’était les États-Unis, se souvient Berthet. Les gens étaient pleins d’espoir. Il y avait une pluie d’investissements étrangers, les salaires étaient très élevés, on voyageait de par le monde ! Avec Milei, on a la sensation que c’est à nouveau un changement en profondeur qui s’installe. »
Même si, comme toujours, « les résultats économiques restent la priorité et seront déterminants dans les élections générales », Tobias Belgrano, jeune consultant en politique internationale, fait valoir une nouveauté : la « violence » des discours politiques a infusé dans la société argentine au point d’instaurer un climat de tension « inquiétant ». Outre sa remise en question de l’université publique, Milei a adopté une rhétorique visant à déconstruire l’imaginaire « progressiste » des années Kirchner. Le centre culturel Kirchner (CCK) est devenu le palais Liberté Sarmiento. La Journée du respect de la diversité culturelle, célébrée le jour de l’arrivée de Christophe Colomb en Amérique, a repris son nom polémique d’antan : la Fête de la race.
Les péronistes KO
« L’impunité en vigueur sur les réseaux sociaux pousse certaines personnes à stigmatiser leurs opposants et à user de la menace », regrette Tobias Belgrano. Une observation qui fait écho à celles de Starke, lequel considère que « les réseaux sociaux entrent en contradiction avec la démocratie traditionnelle ». « Ils alimentent un biais conflictuel chez leurs utilisateurs, estime l’expert. Or, ce biais mène à la construction d’un esprit tribal. C’est sur ce terrain qu’a gagné Javier Milei, grâce à sa personnalité disruptive. »
Élu pour renverser la table, Milei a mis KO le clan péroniste, qui peine à désigner ses nouveaux leaders et dont une grande partie refuse de s’aligner sur l’ex-présidente Cristina Kirchner. Si le chef de l’État garde pour priorité la stabilisation macroéconomique, son programme social et culturel est tout sauf neutre. Sa « bataille culturelle », Milei la mène notamment à longueur de discours, et au gré de ses fréquents voyages. Une quinzaine, dont la moitié aux États-Unis, de Davos au G20 de Rio, en passant par la Bourse de Wall Street ou l’hémicycle de l’ONU. Les féministes, les écologistes, les woke, les socialistes… Avec lui, tous en prennent pour leur grade.
« Milei conserve une attitude contestataire qui séduit ici car cela correspond à un profil typiquement argentin, tout en défendant un agenda politique global », résume Tobias Belgrano. Cette position clivante, Milei la défend sur le terrain géopolitique, mais aussi en interne. Les employés de l’agence d’informations Télam, qu’il a pris en grippe dès son arrivée au pouvoir, en ont fait les frais. « On nous a signifié qu’il ne fallait plus écrire sur les sujets liés à l’agenda 2030 (de développement durable de l’ONU, NDLR), au féminisme, à la marche des fiertés… Il y a un musellement de l’information par le gouvernement, qui nous considérait comme un élément de propagande kirchnériste (en référence à l’ex-présidente) », témoigne un journaliste de Télam ayant plus de vingt ans d’expérience dans l’agence. Cette source préfère garder l’anonymat pour ne pas « tomber sous le coup de la chasse aux sorcières du pouvoir », déplorant qu’« aujourd’hui, l’enjeu économique clôt tout type de débat. Nous ne pouvons que constater le manque de solidarité à tous les niveaux. Les valeurs se perdent ! »
Dans un pays fondé par des écrivains, la littérature vient naturellement compléter le diagnostic. L’essai Notre pauvre individualisme, du grand écrivain national Jorge Luis Borges, explique ainsi que l’Argentin, qui « ne s’identifie pas à l’État (…), est un individu, pas un citoyen ». Doit-on trouver là une clé pour comprendre l’électeur de Milei, pourfendeur de l’action étatique ? Serait-il ainsi l’incarnation de l’Argentin selon Borges ? « Ces deux positions sont diamétralement opposées, corrige l’écrivain Carlos Gamerro. Borges considère que l’opposition à l’État conduit à la formation de liens solidaires entre les individus. Mais le projet porté par le gouvernement actuel invite seulement à se fédérer dans la désignation d’un ennemi politique. » Pour devenir un véritable « winner », Milei l’outsider devra offrir une victoire économique (encore lointaine) à tous les Argentins, et ne pas se contenter de la défaite de ses ennemis politiques.
La dix-neuvième session du Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel se tiendra à Asunción, République du Paraguay, du lundi 2 au samedi 7 décembre 2024.
Une cérémonie d’ouverture est prévue le dimanche 1er décembre 2024. La session sera présidée par S.E. Mme Nancy Ovelar de Gorostiaga, Ambassadrice extraordinaire et plénipotentiaire et Déléguée permanente de la République du Paraguay auprès de l’UNESCO.
Le Paraguay a ratifié la Convention de 2003 en 2006 et compte deux éléments inscrits : Les pratiques et connaissances traditionnelles liées au terere, boisson guaraní ancestrale au Paraguay, dans la culture du pohã ñana sur la Liste représentative et Les techniques ancestrales et traditionnelles d’élaboration du « Poncho Para’i de 60 Listas » de la ville de Piribebuy, République du Paraguay sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente.
Inscrit en 2023 (18.COM) sur la Liste du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente
Le Poncho Para’í de 60 Listas de Piribebuy est un vêtement artisanal paraguayen composé de trois parties : le corps, les franges et la fajita (bordure). Chaque partie est confectionnée selon des procédures artisanales différentes et réalisées par les tisserandes de manière collaborative. Pour créer le poncho, les praticiennes tissent trois types de fils de coton, correspondant aux trois parties du vêtement. Chaque tisserande fabrique une partie du poncho et se spécialise dans l’un des procédés. Si les tisserandes ont leur propre style et leurs propres dessins, elles développent aussi des compétences pour le travail en équipe afin de gagner du temps et des ressources, avec pour but ultime de maintenir la qualité du produit. Les matériaux associés à la création du poncho, y compris le fil, les palettes et les chaises en bois, sont également fabriqués à la main. Historiquement, les techniques ancestrales d’abord utilisées par les peuples autochtones ont été transmises oralement par les mères tisserandes à leurs filles, par l’observation et la pratique. Aujourd’hui, l’École pour la sauvegarde aide également les tisserandes à transmettre leurs connaissances aux générations suivantes. Symbole d’unité et d’identité de la ville de Piribebuy, le Poncho Para’í de 60 Listas est reconnu au niveau national pour son style et son originalité.
Source : site officiel de l'UNESCO
Retrouvez le texte de la conférence-débat de l'IFP du 1er mars 2024 sur "Les liens historiques entre la France et le Paraguay", à l'occasion de la célébration du Día de los Héroes, en cliquant sur le bouton suivant :
Dans le cadre de son développement dans le sud de la France et notamment dans le secteur géographique du Golfe de Saint-Tropez, où réside une communauté Paraguayenne active, l'IFP organise le vendredi 1er mars 2024 à 18h une conférence-débat sur le thème des "Liens historiques entre la France et le Paraguay".
📅 vendredi 1er mars 2024 de 18h à 20h
📌salle Louis-Blanc 7 boulevard Louis Blanc 83990 SAINT-TROPEZ
💬intervenant : Christophe Beaupère, Président de l'IFP (Institut France Paraguay), ancien enseignant à l'UCO (Université Catholique de l'Ouest)
💡conférence-débat gratuite, ouverte à tous
Le "DÍA DE LOS HÉROES", jour des Héros, est un jour très important dans le calendrier du Paraguay. Il est célébré chaque année le 1er mars dans tout le pays, en particulier à Cerro Corá où tomba en héros Francisco Solano López, le 1er mars 1870, et dont l'épouse, Elisa Alicia Lynch, était Française.
La mort du commandant en chef et président du Paraguay marqua la fin des actions militaires de la Guerre de la Triple Alliance, qui fut l'une des premières guerres totales modernes se déroulant en Amérique du sud. Cette date symbolique représente en quelque sorte l'emblème de la République du Paraguay, qui n'avait que deux options, « vaincre ou mourir », et dont le blason représente un bonnet phrygien, qui fut le symbole de la Révolution Française.
Laissez-passer utilisé par des révolutionnaires Français (1790-1793)
Blason représentant les armes de la République du Paraguay
Avec plus de 85% des voix, le «dictateur cool» – comme il aime à se qualifier – a largement gagné l'élection présidentielle ce dimanche 4 février. Nuevas Ideas, son parti, est assuré d'une large majorité au Parlement.
Nayib Bukele a remporté une large victoire à l'élection présidentielle du Salvador ce dimanche 4 février. Selon un sondage CID-Gallup réalisé à la sortie des urnes, il a obtenu 87% des voix. L'institut a souligné n'avoir «jamais observé un écart de cette ampleur lors d'une élection».
«C'est la première fois qu'il y a la démocratie dans le pays, a déclaré Nayib Bukele. Il n'y a pas de dictature, les gens votent en démocratie. Le peuple dit: je ne suis pas opprimé, je suis heureux.»
L'incontestable popularité du «dictateur cool» est liée à la politique sécuritaire impitoyable qu'il a imposée pendant son premier mandat. Un simple chiffre montre l'efficacité de cette politique: le nombre d'homicides est passé de 87 pour 100.000 en 2019, année de son accession au pouvoir, à 2,41 en 2023.
Depuis des années, le pays était gangrené par les deux maras (gangs) qui semaient la terreur dans toutes les rues du pays: la Salvatrucha et Barrio 18. Leurs membres, souvent tatoués jusque sur le visage pour se reconnaître, avaient le contrôle de la majorité du pays, rackettant, assassinant, créant un climat d'extrême violence. Leurs règlements de compte se terminaient souvent par le démembrement ou la décapitation d'un adversaire. Circuler dans les rues de San Salvador obligeait parfois à de gigantesques détours si votre taxi n'avait pas payé ce qu'il fallait aux personnes qu'il fallait. Sortir dans les rues à la nuit tombée était impossible sans avoir la protection de l'un des gangs.
«Le Salvador avait un cancer avec des métastases. 85% du territoire était dominé par les bandes, se plaît à rappeler Nayib Bukele. Nous avons pratiqué une chirurgie, une chimio, une radiothérapie et nous allons en sortir guéris, sans le cancer des bandes. Nous avons éliminé ce qui nous tuait. Ce qui attend maintenant le Salvador est une période de prospérité ».
75.000 arrestations
Le remède a été particulièrement radical: en mars 2022, le président Bukele a déclaré l'état d'urgence, qui a autorisé le déploiement de l'armée dans les rues salvadoriennes et les arrestations sans mandat d'arrêt. Au total, il a été procédé à 75.000 arrestations depuis, pour une population de 6,5 millions de personnes. Le président a fait construire une méga prison qu'il appelle «centre de confinement du terrorisme». Aucun avocat ne peut entrer dans cet établissement. Aucun contact n'est possible avec l'extérieur.
Mais les résultats sont là et la population salvadorienne a montré sa reconnaissance en revotant à une très large majorité pour ce jeune président de 42 ans. Cette réélection était normalement impossible selon la Constitution. Mais le «dictateur cool» est parvenu à contourner l'obstacle en démissionnant début décembre, soit six mois avant la fin de son mandat. Si beaucoup de juristes contestent la manœuvre, la population, elle, ne lui en a pas tenu rigueur.
Nayib Bukele est le cinquième enfant d'une famille d'origine palestinienne. Le père, Armando, était un entrepreneur influent du pays. Il a fondé les premières mosquées d'Amérique centrale. Nayib Bukele a été une première fois élu maire en 2012 de la petite commune de Nuevo Cuscatlan, perdue dans les montagnes à 13 kilomètres de San Salvador, la capitale. Il était alors membre du parti de gauche Front Farabundo Marti de libération nationale (FMLN), héritier de la guérilla qui a combattu le pouvoir pendant la guerre civile dans les années 1980. Il a ensuite brigué avec succès la mairie de la capitale en 2015. En 2019, il veut se présenter à la présidentielle, mais son parti le trouve trop jeune. Il le quitte et parvient à gagner l'élection dès le premier tour.
Le président salvadorien est souvent accusé de narcissisme exacerbé. Dans la ville où il fut pour la première fois élu, Nuevo Cusctalan, le N de son prénom est au coin de toutes les rues. À l'aéroport de San Salvador, une reproduction de son bureau avec son portrait et celui de son épouse fait l'attraction. Nombreux sont les Salvadoriens à vouloir se prendre en photo dans ce décor présidentiel reconstitué.
Une économie atone
Ce dimanche 4 février, Nayib Bukele a promis une période de prospérité, «car il n'y a plus de frein à la création d'entreprise, plus de frein aux études, plus de frein au travail, plus de frein au tourisme». Il estime que l'insécurité vaincue, l'économie du pays va pouvoir enfin se développer. Les Salvadoriens en ont besoin. 70% des emplois sont dans le secteur informel, ce qui ne leur donne pas accès aux prestations de santé et de retraite. 30% des Salvadoriens vivent dans la pauvreté selon la Cepal (Commission économique des nations unies pour l'Amérique latine et les Caraïbes). 21% du PIB est généré par les remesas, ces envois d'argent par les expatriés. Dans cette économie dollarisée, Nayib Bukele a voulu rendre le bitcoin monnaie officielle en 2021. Le FMI a alerté sur les dangers de cette décision, rappelant l'extrême volatilité de cet outil financier. La dette de l'État s'élève à 80% du PIB. «La situation sécuritaire s'est améliorée, mais l'économie est encore mal en point, relève l'analyste Michael Shifter, du groupe de réflexion Inter-American Dialogue. Beaucoup de Salvadoriens quittent chaque jour le pays».
La politique sécuritaire de Nayib Bukele et ses résultats sont regardés avec curiosité et parfois envie par les autres pays d'Amérique latine où l'insécurité est de plus en plus préoccupante. Le nouveau président équatorien, Daniel Noboa, a dit vouloir s'en inspirer. Le nouveau président argentin, Javier Milei, a lui aussi exprimé son admiration pour son homologue salvadorien.
29-01-24
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L'association Voces Latinas a été fondée en 1994 par un groupe d'amis latino-americains vivant à Paris, dans le but de sensibiliser le public français aux valeurs de la musique et de la culture latino-américaine.
Cette année, la chorale Voces Latinas, forte désormais de 40 choristes, fête ses 30 ans d’existence (1994-2024) en proposant un concert anniversaire le 29 juin 2024 à 20h30 en l'Eglise Sainte Rosalie 50 boulevard Blanqui 75013 Paris.
Venez nombreux ! Un lien de réservation sera accessible sur le site web de notre partenaire dans le courant du mois de février.
18-01-24
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Lancement de la troisième édition du Fonds pour l’Innovation dans le Volontariat (FIV)
Dans le cadre du programme régional EnLAzando, France Volontaires lance la troisième édition du Fonds pour l’Innovation dans le Volontariat (FIV).
Le FIV offre des microfinancements pour le développement et la reproductibilité de pratiques innovantes en matière de volontariat. Le fonds s’adresse aux organisations impliquées dans le domaine du volontariat qui cherchent à renforcer leurs actions dans les six pays d’Amérique latine participant au programme EnLAzando : Argentine, Bolivie, Colombie, Equateur, Paraguay, Pérou. Les organisations sélectionnées bénéficieront d’un montant de 4 000 USD.
Date limite de dépôt des candidatures : dimanche 17 septembre 2023, 23h59.
Retrouvez toutes les conditions de postulation et les informations concernant le FIV ici
Pour postuler, c’est par ici
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Le programme EnLAzando es un programme financé par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, mis en œuvre par France Volontaires, l’opérateur de l’Etat français pour la promotion de la solidarité internationale à travers le volontariat.